Protégé : La Douleur du dollar
Pour Cuqua, dite « la môme », petite Cubaine surprenante par sa candeur et sa générosité, la vie est sacrifice. Son premier dévouement, elle le dédie à « Ouane », celui qui l’embrassa un soir de fête. Pour cet amour unique, elle entre en religion, allant jusqu’à se mutiler – elle s’arrachera les dents – pour ne plus plaire aux autres. Cuqua ne cessera plus, pendant 30 ans, de guetter le retour de ce trafiquant mafieux anti-révolutionnaire. De même, l’amour qu’elle porte à sa fille est enraciné dans une profonde abnégation. Mais loin de prendre toute la mesure de ce sacrifice, par désir d’indépendance et par fierté, sa fille la repousse. Seuls ses amis, fidèles, originaux, perçoivent en Cuqua cette « femme célibataire habitant sur une île musicale et prétentieuse, plus seule qu’un solo, et mille fois plus pauvre que Cendrillon ». Enfin, le dernier renoncement de Cuqua demeure celui dont souffrent tous les Cubains. Zoé Valdès dénonce sans complaisance le combat pour la vie dans un Cuba exsangue. Elle avoue ici toute son aigreur, et l’on perçoit sa haine de ce régime castriste, qui méprise les droits de son peuple et qui a trahi ce fol espoir d’un monde meilleur. –Lenaïc Gravis & Jocelyn Blériot