L’école perdue
/ SEMCette histoire est arrivée dans un tout petit d’Afrique de l’Ouest. Mon village n’a pas de nom. On l’appelle «le village». Moi, je l’appelle «le néant». Aujourd’hui, je suis le nouvel instituteur de mon village. Et chaque jour, j’ai de moins en moins d’élèves. Ils disparaissent un ci un dans une étrange bâtisse blanche, d’où ils ressortent avec de l’argent. Il faut que j’aille les chercher pour les ramener à l’école.
A travers cette fable moderne d’une grande poésie, Tahar Ben Jelloun dénonce les ravages de l’ignorance, véritable source de la misère et de l’intolérance.
L’auberge des pauvres
/ SEM« Suivez-moi, nous quittons la terre rouge de Marrakech pour nous poser un jour de pluie sur le bord de la Méditerranée, oui j’ai osé tout quitter, j’ai fait le saut, je ne suis plus l’homme figé par la peur, à présent je suis ailleurs : je vous dirai Naples et ses bas-fonds, la gare de Naples un jour de vent et d’averse, une gare aussi immense et sale que toute la ville, une place des miracles avec des couleurs changeantes, des odeurs venues du lointain, des épices d’Afrique mélangées à la sueur des hommes qui ne savent pas où se poser, où se faire oublier, je vous dirai le bruit transporté par le vent, les cris des enfants de Gitans courant derrière des Anglaises apeurées, je vous dirai la Vieille, une peau toute ridée, enflée et bourrée de bonté, un personnage de roman tel que je l’ai toujours rêvé, une grande dame, sale et fardée, une mémoire qui a du mal à se taire, c’est à cause de l’asthme, à cause des illusions de la vie, je vous dirai Momo, le Sénégalais clandestin, colosse au petit cerveau, vendeur de bricoles sur les trottoirs, je vous dirai l’histoire d’Idé et Gino, Iza et moi, oui, moi aussi je me suis perdu dans les histoires des autres. »